I- PRÉSENTATION DU COURANT DES PHYSIOCRATES
Il s’agit, dans cette première partie, de circonscrire la période de vie du courant physiocrate, puis les principaux auteurs ayant initié cette approche libérale de l’économie.
A- Période : du XVIe au XVIIIe siècle
La conception physiocrate de l’économie est née en France vers 1750 et a connu son apogée au cours de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Le but de ce courant est de mettre en place les outils qui permettront au Roi de France de mieux mesurer la création de richesse et ainsi pouvoir faire de meilleures lois permettant d’éviter les disettes via une meilleure production et une meilleure répartition de la richesse.
B- Auteurs mercantilistes
François QUESNAY (1758) ; Vincent de GOURNAY, Richard de CANTILLON et TURGOT, Lemercier de la Rivière, Pierre Samuel du PONT de NEMOURS, etc.
II- ANALYSE PHYSIOCRATE
Les physiocrates se sont d’abord intéressés à la relation entre la croissance économique (richesse des nations) et l’agriculture (La Terre), ensuite à la répartition de la richesse créée entre les différentes classes de la société.
A- CRÉATION DE LA RICHESSE : La classe des paysans
Pour comprendre ses analyses, il convient de présenter tout d’abord leur conception de valeur et de richesse, ensuite de mettre en évidence les procédés d’accroissement de cette valeur et sa répartition.
1- Richesse : Flux de produit net
Contrairement à la conception mercantiliste, les physiocrates définissent la richesse en terme de flux de valeur, c'est-à-dire de circulation de produit net (bénéfice qui provient uniquement du travail de la Terre) entre les trois classes de la société.
2- Procédés d’accumulation d’or et d’argent : Commerce extérieur, industrialisation et politiques protectionnistes
Les penseurs physiocrates sont favorables à l’enrichissement des nations aux moyens du travail de la terre qui, seule, permet de dégager un produit net ou surplus (le bénéfice agraire qui provient de l’exploitation d’une Terre généreuse et miraculeuse).
Pour accroître le flux de produit net en circulation dans l’économie, l’Etat (incarné par le Roi) ne doit pas intervenir dans l’économie si ce n’est que pour protéger le libéralisme (le laisser-faire et laisser passer) et la propriété privée. En effet, de la même manière que la libre circulation du sang entre les différents organes favorise la santé du corps humain, le produit net doit circuler sans entrave (sans intervention de l’Etat) entre les différentes classes pour que l’économie connaisse une croissance.
B- RÉPARTITION DE LA RICHESSE : Le zigzag
La richesse produite uniquement dans le secteur primaire, principalement de l’agriculture, est répartie entre les différentes classes de la société et selon un mode que François QUESNAY explique dans son ouvrage « tableau économique » (1758).
1- Présentation des différentes classes
Les physiocrates décomposent la société en trois grandes classes : les propriétaires fonciers (ceux qui détiennent les terres) ; les artisans ou industriels (ceux qui fabriquent les outils et les meubles) et les paysans (ceux qui travaillent la terre, les producteurs terriens).
2- Principe de répartition.
Selon François QUESNAY, les paysans constituent la classe fertile, car seuls capables de ressortir un produit net ; les autres classes (propriétaires fonciers et artisans) sont des classes stériles.
a- Les propriétaires fonciers mettent leurs terres à disposition des paysans et reçoivent en contrepartie une part du produit net dégagé.
b- Les artisans fabriquent des outils de travail (houe, machette, etc.) qu’ils remettent aussi aux paysans en échange d’une part du produit net.
c- Propriétaires fonciers donnent aussi une fraction de leur produit net aux artisans en échange de meubles (tables, chaises, armoire etc.).
Ainsi, les classes stériles (propriétaires fonciers et artisans) reçoivent une fraction du produit net crée par l’unique classe fertile (paysans). Pour que l’économie connaisse une croissance, la production et la répartition du produit net doivent se faire librement, sans intervention de l’Etat.
III- APPORTS ET LIMITES DU COURANT
Le courant des physiocrates fortement contribué dans les fondements de l’économie moderne, même si elle connaît également plusieurs limites.
A- Apports des physiocrates
Les apports des physiocrates portent sur deux points : Ils sont précurseurs du libéralisme et sont les premiers à proposer une représentation simplifiée du fonctionnement de l’économie.
1- Précurseurs du libéralisme en économie
Les physiocrates sont les initiateurs et les défenseurs du libéralisme en économie, résumé en ces termes : « laissez faire les hommes, et laissez passer les marchandises » ou tout simplement « laissez faire, laissez passer ». L’économie doit uniquement fonctionner selon les lois du marché, sans que l’Etat n’intervienne par ses politiques.
2- Première représentation du fonctionnement de l’économie
Avec le tableau économique (zigzag), les physiocrates (François QUESNAY) sont les premiers à avoir effectué une représentation simplifiée du fonctionnement de l’économie. De la création de la richesse à sa répartition.
B- Limites des physiocrates.
Cependant, les limites du courant physiocrate sont d’avoir considéré que la richesse provenait uniquement d’un seul secteur d’activité (secteur agricole), d’une part, et d’avoir ignore l’importance d’une redistribution des richesses par l’Etat, d’autre part.
1- Vision limitée des sources de la richesse
On peut reprocher au courant physiocrate d’avoir restreint les sources de la richesse à un seul facteur (la Terre), à un seul secteur d’activité (secteur primaire) et à une seule activité (l’agriculture).
2- Vision limitée des modes de répartition des richesses
L’analyse physiocrate de la répartition ignore l’importance d’une redistribution des richesses par l’Etat. L’Etat providence doit assurer l’équité sociale en prélevant les impôts sur les revenus des ménages les plus nantis (impôts sur les revenus, sur le patrimoine etc.) pour les distribuer aux plus démunis, souvent sous la forme d’une production de biens publics (écoles publiques, hôpitaux publics etc.).
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